Un passage difficile
Depuis six jours que je suis là, je ne fais rien. Je vomis, je bave, je remplis les chiottes plus vite que mon estomac, mais à part ça, je ne fais rien. Le médecin ne m'inspire plus aucune confiance. Je sais que c'est le médecin de tous les employés de l'ambassade mais les pilules qu'il me fait avaler me conduisent directement à la mort.
- Ce n'est pas grave, m'a-t-il dit le premier soir, votre organisme doit s'habituer au climat du pays, ça arrive tout le temps avec les touristes.
Les touristes ? Pour venir faire du tourisme dans ce pays, il faut avoir perdu l'esprit. Avoir perdu l'esprit avant de partir, et être prêt à perdre la vie à peine arrivé. Ils m'avaient fait rencontrer l'attaché d'ambassade leïanais à Paris juste avant que je ne quitte
J'avais suivi pendant trois semaines des cours intensifs sur ce morceau de la planète, son histoire, sa culture, son peuple, mais aussi comment vivre dans la société leïanaise, comment éviter les ennuis, etc.
J'ai été malade tout de suite, dans l'avion j'ai senti l'abominable m'envahir, un sale goût dans la bouche qui n'était pas seulement dû au repas servi à vingt mille pieds d'altitude. Et puis à l'arrivée à l'aéroport international Naolis Magatt (du nom de celui qui chassa les anglais et devint le premier Président) j'ai failli m'évanouir. Heureusement qu'avec mon passeport diplomatique j'évite les formalités interminables des douanes locales. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais plus le pays est sans intérêt, plus les douaniers sont soupçonneux. « Il n'y a pas de pays sans intérêt, jeune Lillo » m'a dit un jour mon oncle ambassadeur alors que je lui faisais part de mes ambitions professionnelles et de mes craintes d'être nommé dans un endroit horrible. Mais mon oncle ne connaissait pas Leïan.
Le commandant Bariani est venu me chercher à l'aéroport, il m'a aussitôt fait peur, m'expliquant qu'il avait passé ses trois premières semaines ici à l'hôpital : « vraiment un mouroir ». Selon lui, j'avais quand même de la chance car depuis cette époque on avait trouvé un médecin formidable, un vrai docteur avec de vrais diplômes. Et c'est ce génie qui était en train de me tuer.
Après une première entrevue édifiante avec
C'est aussi mon âge. Je me dis que si quelqu'un voulait bien me trancher la tête, je n'aurais plus mon estomac qui se tourne dans tous les sens. Si la mort doit venir, autant éviter les souffrances.
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