Des murs et des étoiles
La ville est pleine de surprises, mes premières impressions sont balayées au fur et à mesure que John m'entraîne dans les rues de la capitale. Avoir un ami dans ces circonstances est plus qu'appréciable, c'est une bénédiction. Il parle la langue et connaît les bonnes places. Il était en Angleterre quand je suis arrivé. C'est moi qui l'ai accueilli à son retour.
Il est convaincu que j'aurai du mal à me plaire ici.
- Ici, il faut savoir renoncer à ce qui te paraît aller de soi chez toi. Le normal à Paris est le luxe à Leïan.
- Tu me prends pour une bourgeoise ? Je ne suis pas une amie de ta mère, je suis un guerrier, un combattant, j'ai fait la guerre.
John a aussi fait la guerre, il n'aime pas tellement en parler, je le charrie quand même.
- Et les femmes ?
Il éclate de rire.
- Voilà, ça c'est toi ! Tu vas être malheureux !
Nous passons nos dimanches à visiter les vieilles pierres. Le choc, ce furent les gamins par dizaines qui nous suivent, demandent et se battent pour rester le plus près possible de nous.
- Tu sais, je dois faire des rapports sur nos rencontres, à chaque fois que je te vois je dois écrire tout ce que tu m'a dis, tout ce que nous avons fait, etc. me dit-il.
- Moi, on ne me demande rien.
- Un cuisinier, un foutu cuisinier, que veux-tu qu'on te demande à part faire des gâteaux d'anniversaire ?
Je lui ai dit pour Anaïs et moi. Il a sourit.
- Elle n’était pas faite comme toi. Vous ne pouviez pas être ensemble. Trop de différences.
- Toi et moi on est bien amis.
- Oui, mais on ne vit pas ensemble.
John préfère l’amour des garçons, il sait que je préfère l’amour des filles mais il ne renoncera jamais.
- J'ai demandé un autre poste, m’annonce t-il lors de l’une de nos promenades d’avant le couvre-feu.
- Pour où ?
- Tokyo.
John et moi sommes amis d'enfance. Son père était ambassadeur de Grande Bretagne au Japon et mon oncle l'était aussi, mais pour
- Encore cinq ou six mois et je me pose là-bas. Tu sais j'ai envisagé de démissionner pour faire autre chose, je suis riche alors pourquoi continuer ?
- Pour servir ta reine.
- Dans deux mois j'ai trente-deux ans et je n'ai encore rien construit. A mon âge, mon grand-père avait fondé
- A mon âge, répondis-je, mon grand-père avait réussi à se faire jeter de partout, il buvait plus d'alcool en un jour qu'un régiment napoléonien en un mois et s'employait à faire des mômes dans tous les endroits de
- Tout le monde sait que tu es issu d'une famille de dégénérés.
Le soir, il y a peu à faire. Quelques endroits mais à vingt et une heures, c'est le couvre-feu.